Publié le 12 mars 2024

Le véritable avantage de la banque privée ne réside pas dans les services annexes, mais dans une philosophie radicalement différente du crédit : transformer votre patrimoine global en un actif stratégique pour obtenir des financements sur-mesure.

  • Un banquier commercial applique des règles et vend des produits de crédit standardisés basés sur vos revenus.
  • Un banquier privé conçoit une architecture de crédit personnalisée, en utilisant vos placements comme garantie (levier lombard) sans nécessiter leur liquidation.

Recommandation : Cessez de penser en termes de produits de prêt et commencez à évaluer votre banquier sur sa capacité à structurer votre bilan financier global pour servir vos ambitions.

En tant qu’entrepreneur ou professionnel à Montréal, vous avez sans doute déjà ressenti cette frustration. Vous présentez un projet solide, votre bilan est positif, mais votre banquier commercial vous oppose une fin de non-recevoir. La raison est simple : il est le gardien d’un système conçu pour la standardisation, où votre dossier doit rentrer dans des cases prédéfinies. Il analyse vos revenus, applique un ratio d’endettement et vous propose un produit sur étagère. C’est un modèle transactionnel, efficace pour le plus grand nombre, mais profondément limitant pour ceux qui, comme vous, ont des besoins financiers plus complexes et une vision à long terme.

On vous a probablement déjà vanté les mérites de la banque privée en listant des services exclusifs : gestion de placements, planification successorale, voire des avantages de conciergerie. Si ces éléments ont leur importance, ils masquent l’essentiel. La véritable rupture ne se situe pas là. Elle réside dans un changement complet de paradigme. Alors que le banquier commercial est un vendeur de produits, le banquier privé est un architecte de solutions. Sa mission n’est pas de vous vendre un prêt, mais de comprendre l’intégralité de votre patrimoine – vos placements, vos biens immobiliers, vos actifs professionnels – pour en faire un levier stratégique.

Et si la clé n’était pas de chercher le « meilleur prêt hypothécaire », mais de trouver un partenaire capable de concevoir une ingénierie de crédit sur-mesure ? Cet article n’est pas une simple comparaison de services. C’est une exploration de la philosophie qui sépare ces deux mondes. Nous allons décortiquer comment une banque privée utilise votre patrimoine existant pour générer des liquidités, pourquoi ses conseils ne se limitent pas aux produits « maison », et comment elle s’adapte aux réalités complexes des familles fortunées du Québec, bien au-delà de ce que la gestion traditionnelle peut offrir.

Pour naviguer avec clarté dans l’univers exclusif de la banque privée, cet article est structuré pour vous fournir des réponses concrètes. Le sommaire ci-dessous vous guidera à travers les mécanismes financiers et les stratégies qui différencient fondamentalement une approche personnalisée d’un service bancaire standard.

Frais fixes ou pourcentage des actifs : quel modèle de tarification est le plus avantageux pour vous ?

La question des frais est souvent le premier point de friction. En banque commerciale, vous êtes habitué à des frais transactionnels ou des forfaits mensuels. La banque privée introduit deux modèles principaux : une tarification fixe annuelle ou un pourcentage de vos actifs sous gestion (ASG ou AUM en anglais). Comprendre lequel est à votre avantage est crucial. Dans le contexte canadien, où plus de 93% des actifs bancaires sont détenus par six grandes banques, la structure de frais en gestion privée est un des rares domaines où la négociation et la personnalisation sont possibles.

Le modèle basé sur un pourcentage (typiquement autour de 1% à 1.5% des ASG) aligne les intérêts de votre banquier avec la croissance de votre portefeuille. Si vos actifs performent bien, sa rémunération augmente. Ce modèle est souvent privilégié pour les patrimoines en phase de constitution, car les frais évoluent avec votre succès. Cependant, au-delà d’un certain seuil d’actifs (souvent quelques millions), ce pourcentage peut représenter une somme considérable, potentiellement décorrélée du travail réel effectué.

C’est là que le modèle de frais fixes devient intéressant. Il offre une prévisibilité totale, indépendamment de la volatilité des marchés. Pour un patrimoine important et relativement stable, il peut s’avérer bien plus économique sur le long terme. Le choix dépend donc de votre situation : êtes-vous en phase de croissance agressive ou de préservation de capital ? La vraie valeur ne se mesure pas seulement en dollars, mais dans la transparence et l’étendue des services inclus dans ces frais. Un bon banquier privé justifiera sa tarification par un accès à une expertise qui dépasse le simple cadre de l’investissement.

Votre feuille de route pour évaluer la tarification

  1. Simulation de modèle : Demandez une comparaison chiffrée entre les frais fixes et le pourcentage AUM appliquée à votre patrimoine actuel et projeté sur 5 ans.
  2. Périmètre des services : Validez si les frais incluent l’accès à des spécialistes internes comme les fiscalistes ou les planificateurs successoraux.
  3. Transparence et réglementation : Exigez un détail complet des frais, conformément aux réglementations canadiennes (MRCC2), en vous assurant qu’il n’y a pas de coûts cachés.
  4. Calcul du point de bascule : Déterminez à partir de quel montant d’actifs un forfait fixe annuel devient mathématiquement plus avantageux que le modèle AUM à 1% ou plus.
  5. Valeur du réseau : Évaluez la pertinence du réseau d’affaires de la banque pour votre secteur d’activité; cet accès peut justifier à lui seul des frais plus élevés.

Comment utiliser vos placements comme garantie pour acheter un chalet sans les vendre ?

Voici le levier le plus puissant et le plus méconnu qui distingue radicalement la banque privée : l’ingénierie de crédit. Votre banquier commercial voit votre portefeuille de placements et votre projet d’achat d’un chalet dans les Laurentides comme deux dossiers distincts. Il vous demandera de liquider une partie de vos actions pour constituer votre mise de fonds, déclenchant ainsi un impôt sur le gain en capital et amputant votre potentiel de croissance.

Votre banquier privé, lui, voit votre portefeuille comme un actif stratégique. Il ne vous demandera pas de le vendre, mais de l’utiliser comme garantie. C’est le principe du crédit lombard (ou prêt sur valeur d’actifs). Concrètement, la banque vous accorde une ligne de crédit dont le montant est un pourcentage de la valeur de vos placements. Vous pouvez ainsi financer l’achat de votre résidence secondaire sans toucher à votre stratégie d’investissement à long terme. C’est une approche qui transforme un passif (un prêt) en un outil de gestion de patrimoine intelligent.

Chalet luxueux dans les Laurentides entouré de forêt boréale en automne

Le ratio prêt/valeur (LTV) dépend de la nature des actifs nantis. Un portefeuille composé d’obligations gouvernementales canadiennes, très stables, pourra obtenir un LTV allant jusqu’à 80%. Pour un portefeuille d’actions « blue-chip » du TSX, on se situera plutôt autour de 50-60%. Cette flexibilité vous permet de saisir des opportunités immobilières rapidement, sans perturber une allocation d’actifs mûrement réfléchie. C’est l’illustration parfaite de la différence entre une banque qui vend des produits et une banque qui structure des solutions.

Ce tableau comparatif illustre les ratios prêt/valeur (LTV) typiques que vous pouvez attendre selon la composition de votre portefeuille, vous permettant d’estimer rapidement votre capacité d’emprunt via un crédit lombard.

Ratios prêt/valeur selon les types d’actifs
Type d’actif Ratio LTV typique Montant empruntable sur 1M$
Obligations gouvernementales 75-80% 750 000$ – 800 000$
Actions blue-chip TSX 50-60% 500 000$ – 600 000$
Fonds diversifiés 60-70% 600 000$ – 700 000$
Actions volatiles/sectorielles 30-50% 300 000$ – 500 000$

Quels services extra-financiers (voyage, santé) justifient les frais de gestion élevés ?

Beaucoup de banques privées mettent en avant un écosystème de services connexes pour justifier leur tarification. Il est essentiel de distinguer les gadgets marketing de la véritable valeur ajoutée. Un service de conciergerie pour réserver un restaurant peut être agréable, mais il ne transforme pas votre situation financière. La vraie valeur réside dans les services qui répondent à des problématiques complexes et spécifiques à votre mode de vie d’entrepreneur ou de professionnel fortuné au Québec.

Prenons l’exemple des nombreux « snowbirds » québécois qui possèdent une propriété en Floride. Une banque privée d’élite ne se contentera pas de vous offrir un bon taux de change. Elle proposera des services intégrés : gestion de comptes multi-devises pour faciliter les transactions aux États-Unis, assistance pour les questions immobilières et fiscales américaines, et optimisation de vos assurances voyage pour des séjours de longue durée. RBC Banque privée, par exemple, a développé une expertise pointue pour cette clientèle, transformant un casse-tête logistique en une expérience fluide. C’est un service qui résout un vrai problème, pas un simple avantage cosmétique.

De même, l’accès à des services de santé ou juridiques peut être un différenciateur majeur. Comme le précise la Banque Nationale pour son offre de gestion privée, la valeur ajoutée se trouve dans des prestations concrètes qui apportent une tranquillité d’esprit :

L’accès illimité aux services d’assistance inclus suivants : Une solution virtuelle de soins de santé (télémédecine) et une assistance juridique téléphonique

– Banque Nationale, Programme Gestion privée de patrimoine BNI

L’important est d’évaluer ces services non pas sur leur existence, mais sur leur pertinence pour vous. Si vous ne voyagez jamais ou si vous avez déjà un excellent réseau de professionnels de la santé, ces avantages auront peu de poids. Votre banquier privé doit être capable d’articuler comment cet écosystème de services s’intègre dans votre vie pour la simplifier et la sécuriser, justifiant ainsi chaque dollar de frais de gestion.

L’erreur de laisser votre banque privée investir uniquement dans ses propres fonds maison

C’est l’un des conflits d’intérêts potentiels les plus importants en gestion privée. La plupart des grandes banques canadiennes sont intégrées verticalement : elles créent leurs propres fonds communs de placement et incitent leurs conseillers à les vendre. Si certains de ces fonds « maison » peuvent être performants, s’y limiter revient à pêcher dans un seul étang alors que l’océan est à votre disposition. Un banquier commercial est presque toujours captif de la gamme de produits de son institution. Un banquier privé digne de ce nom doit vous offrir une architecture ouverte.

Une plateforme en architecture ouverte signifie que votre conseiller peut sélectionner les meilleurs produits d’investissement sur l’ensemble du marché, qu’il s’agisse de fonds de gestionnaires externes, de FNB (fonds négociés en bourse) à faible coût ou d’investissements alternatifs. Cette indépendance est cruciale pour optimiser la performance et minimiser les frais. En effet, selon l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, le différentiel de frais de gestion entre les fonds maison et les FNB indiciels peut atteindre 1,5% à 2% par an. Sur le long terme, cet écart a un impact colossal sur la valeur finale de votre patrimoine.

Graphiques financiers et documents d'analyse sur bureau en bois avec calculatrice

Votre rôle, en tant que client avisé, est de challenger votre banquier sur ce point. Posez des questions directes : Quelle proportion de mon portefeuille est investie dans des fonds maison ? Avez-vous accès à une plateforme de gestionnaires externes ? Comment êtes-vous rémunéré sur les différents produits ? Pouvons-nous intégrer des FNB à bas coûts comme les populaires XIU ou ZCN qui répliquent l’indice TSX ? La qualité de ses réponses sera un indicateur fiable de son indépendance intellectuelle et de son alignement avec vos intérêts plutôt qu’avec ceux de la banque.

Quand ouvrir un compte multi-devises pour gérer vos actifs aux États-Unis et en Europe ?

Pour un entrepreneur montréalais dont les activités dépassent les frontières du Canada, la gestion des devises étrangères n’est pas un luxe, c’est une nécessité stratégique. Laisser vos transactions en dollars américains ou en euros être constamment converties par une banque commerciale est une source de coûts et de complexité administrative. Le moment d’ouvrir un compte multi-devises au sein d’une structure de banque privée est arrivé dès que l’un de ces scénarios se présente : vous recevez des paiements de clients ou d’investisseurs étrangers, vous possédez des actifs (immobiliers ou financiers) à l’étranger, ou vous voyagez fréquemment pour affaires.

L’avantage va bien au-delà de la simple économie sur les frais de conversion. Il s’agit de simplification fiscale et de gestion de trésorerie. Un compte en USD, par exemple, vous permet de payer directement vos dépenses en Floride sans friction. Plus important encore, il facilite la traçabilité pour vos déclarations fiscales. La détention d’actifs étrangers de plus de 100 000$ CAD nécessite de remplir le formulaire T1135 pour l’Agence du revenu du Canada (ARC), une tâche que votre banquier privé peut grandement simplifier.

Certaines institutions ont poussé cette logique encore plus loin. Le partenariat Desjardins Transatlantique – Gestion privée est un excellent exemple d’une offre spécifiquement conçue pour les entrepreneurs québécois ayant des liens avec l’Europe. En proposant des mandats de gestion en euros et en dollars, ils offrent une solution intégrée qui permet de recevoir des fonds de capital-risque européens, d’investir sur les marchés parisiens et de naviguer la complexité fiscale des deux continents. C’est une illustration parfaite de la manière dont une banque privée anticipe et résout les problèmes inhérents à une carrière internationale, bien loin des capacités d’un guichet commercial.

Gestion de patrimoine vs Family Office : lequel choisir pour un actif net de 5 M$CAD ?

Avec un patrimoine atteignant le seuil de 5 millions de dollars, une nouvelle question se pose : la structure de banque privée traditionnelle (souvent appelée « gestion de patrimoine ») est-elle encore suffisante, ou est-il temps de passer à un modèle de type « Family Office » ? Au Québec, des firmes comme la Banque Nationale 1874 représentent l’excellence en gestion privée, mais le Family Office offre un niveau de service et d’intégration encore supérieur.

La différence fondamentale réside dans le rôle : le gestionnaire de patrimoine est votre chef d’orchestre pour les investissements et le crédit. Le Family Office est le directeur général de votre patrimoine familial. Il coordonne non seulement les investissements (souvent en toute indépendance des banques), mais aussi les avocats, les fiscalistes, les assureurs, la planification philanthropique et même la formation de la prochaine génération. Son indépendance est totale, car il est rémunéré directement par la famille et n’a aucun produit à vendre.

Le tableau suivant, adapté au contexte québécois, met en lumière les distinctions clés entre ces deux modèles pour vous aider à positionner vos besoins.

Comparaison Gestion privée vs Multi-Family Office au Québec
Critère Banque privée (ex: 1874 BNC) Multi-Family Office
Seuil d’entrée 250 000$ – 1M$ 5M$ – 10M$
Coûts annuels 1-2% des actifs 0,75-1,5% des actifs
Services inclus Gestion d’actifs, crédit Coordination globale, fiscalité
Personnalisation Modérée Très élevée
Indépendance conseil Limitée (produits maison) Totale

Pour un patrimoine de 5 M$CAD, vous êtes exactement à la charnière. La solution optimale est souvent un modèle hybride. Vous pouvez conserver votre relation avec une banque privée pour bénéficier de sa force de frappe en matière d’exécution (garde de titres, crédit lombard à des taux compétitifs) tout en mandatant un Multi-Family Office québécois pour superviser la stratégie globale. Cette approche vous offre le meilleur des deux mondes : l’indépendance du conseil et l’efficacité tarifaire des grandes institutions, avec une stratégie parfaitement adaptée aux spécificités du Code civil du Québec.

Comment avoir une vue consolidée de vos actifs dispersés dans 5 banques différentes ?

C’est une situation classique pour de nombreux entrepreneurs à succès. Au fil des années, des opportunités et des relations, vous avez accumulé des comptes dans plusieurs institutions : un compte-chèques chez Desjardins, un REER chez RBC, un CELI chez Tangerine, un compte de courtage chez Disnat, et peut-être même un compte américain chez TD. Le résultat ? Une vision fragmentée de votre patrimoine, l’impossibilité d’avoir une stratégie d’allocation globale cohérente et, surtout, une perte de levier de négociation.

La première étape est de reprendre le contrôle. Vous devez créer un rapport consolidé de tous vos actifs. Cela peut se faire manuellement via des feuilles de calcul, mais des solutions FinTech canadiennes comme Wealthica sont conçues spécifiquement pour agréger automatiquement les données de la plupart des institutions financières canadiennes. L’objectif est d’obtenir un tableau de bord unique qui vous montre votre allocation réelle par classe d’actifs (actions, obligations, immobilier), par devise et par type de compte (enregistré, non-enregistré).

Une fois cette vue d’ensemble obtenue, vous pouvez commencer l’optimisation. Cela inclut des stratégies de localisation d’actifs : placer les investissements à forte croissance dans vos CELI et REER pour abriter les gains de l’impôt, et détenir les actifs générant des revenus fiscalement avantageux (comme les actions à dividendes canadiens) dans vos comptes non-enregistrés. Voici une stratégie simple pour y parvenir :

  • Compilation : Rassemblez tous vos relevés ou utilisez un agrégateur comme Wealthica.
  • Tableau de bord : Créez une vue unifiée de votre allocation d’actifs globale.
  • Optimisation fiscale : Assurez-vous que les bons actifs sont dans les bons types de comptes (enregistrés vs non-enregistrés).
  • Levier de négociation : Présentez ce rapport consolidé à deux ou three banques privées.
  • Appel d’offres : Demandez une proposition de service et de tarification basée sur l’ensemble de votre patrimoine, et non sur la petite partie qu’ils gèrent actuellement.

Armé de ce rapport consolidé, votre dialogue avec les banques privées change radicalement. Vous n’êtes plus un petit client parmi d’autres ; vous êtes un client potentiel de plusieurs millions de dollars. Vous pouvez mettre les banques en concurrence pour obtenir de meilleures conditions tarifaires, un meilleur service et un accès à des expertises plus pointues. C’est en consolidant votre vision que vous consolidez votre pouvoir.

À retenir

  • La différence fondamentale n’est pas le service, mais la philosophie : le banquier commercial vend des produits, le banquier privé architecte des solutions.
  • Le crédit lombard est le levier le plus puissant de la banque privée, vous permettant de financer des projets sans liquider vos placements et déclencher d’impôt.
  • L’indépendance est cruciale : une banque privée de qualité doit opérer en architecture ouverte, vous donnant accès aux meilleurs produits du marché, et pas seulement à ses fonds maison.

Pourquoi la gestion privée traditionnelle ne suffit plus aux familles fortunées du Québec ?

La gestion de patrimoine a longtemps été perçue comme une affaire de placements et de succession. Mais pour la nouvelle génération de familles fortunées du Québec, issue notamment des secteurs de l’intelligence artificielle, de la FinTech et du jeu vidéo à Montréal, ces services traditionnels ne sont que la base. Leurs besoins sont plus dynamiques, plus complexes et profondément ancrés dans une réalité entrepreneuriale que le modèle classique peine à saisir. La gestion privée qui ne s’adapte pas est vouée à devenir obsolète.

Les enjeux de ces nouveaux entrepreneurs apparaissent bien avant la vente de leur entreprise. Ils nécessitent une planification pré-liquidité pour leurs options d’achat d’actions (stock-options), une structuration fiscale pour leurs « management packages », et des conseils pour investir dans l’écosystème local, par exemple via le Fonds de solidarité FTQ ou des fonds de capital-risque montréalais. Une banque privée moderne doit comprendre ce cycle de vie entrepreneurial et agir comme un partenaire stratégique dès les premières phases de création de richesse.

Réunion familiale multigénérationnelle dans un salon moderne montréalais

De plus, la complexité juridique unique du Québec, seule province canadienne régie par un Code civil distinct du reste du pays, impose une expertise locale non négociable, notamment en matière de régimes matrimoniaux et de planification successorale. Un conseil générique élaboré à Toronto est souvent inapplicable ou sous-optimal à Montréal. Enfin, la vision de ces familles a changé : la philanthropie n’est plus un chèque annuel, mais une volonté d’investissement d’impact, où le capital est utilisé pour générer un retour social et environnemental mesurable, en plus d’un retour financier. La banque privée de demain doit donc être à la fois un expert financier, un connecteur d’écosystème et un conseiller stratégique profondément ancré dans la réalité québécoise.

Questions fréquentes sur la gestion de patrimoine au Canada

À partir de quel montant dois-je déclarer mes comptes étrangers à l’ARC?

Le formulaire T1135 est obligatoire si le coût total de vos biens étrangers spécifiés dépasse 100 000$ CAD à n’importe quel moment de l’année. Votre banque privée peut vous assister dans la préparation de cette déclaration pour assurer votre conformité.

Comment éviter la double imposition sur mes revenus américains?

La convention fiscale Canada-États-Unis est spécifiquement conçue pour éviter la double imposition. Un banquier privé, en collaboration avec des fiscalistes spécialisés, peut vous aider à structurer la détention de vos actifs et la réception de vos revenus pour optimiser votre fardeau fiscal des deux côtés de la frontière.

Quels sont les avantages d’un compte USD via une banque canadienne?

Les principaux avantages sont d’éviter les frais de conversion répétitifs sur chaque transaction, de pouvoir effectuer des paiements locaux facilement si vous avez une propriété ou des affaires aux États-Unis (par exemple en Floride), et de maintenir une traçabilité claire et simplifiée de vos flux financiers en dollars américains pour vos déclarations fiscales.

Pour transformer votre patrimoine en un véritable levier de croissance, l’étape suivante n’est pas de chercher un produit, mais d’engager une conversation stratégique. Évaluez dès maintenant l’architecture financière qui servira au mieux vos ambitions.

Rédigé par Isabelle Gagnon, Planificatrice financière (Pl. Fin) et Comptable professionnelle agréée (CPA), Isabelle se consacre depuis 15 ans à la gestion de patrimoine pour les familles fortunées et les entrepreneurs du Québec. Elle excelle dans l'optimisation fiscale et la structuration d'actifs complexes.