Publié le 15 mars 2024

Posséder un condo sur la rue Sherbrooke est moins un achat qu’une adhésion à un club d’initiés où la façade prestigieuse cache des règles et des coûts bien réels.

  • La structure de copropriété « indivise », fréquente dans ces immeubles, impose des contraintes financières et décisionnelles strictes.
  • Les frais de condo élevés ne sont pas un luxe, mais une nécessité légale (Loi 16) pour préserver la valeur de ces joyaux patrimoniaux.

Recommandation : Avant de signer, auditez la convention d’indivision, le fonds de prévoyance et les protections de vue pour éviter les mauvaises surprises.

Fermez les yeux et imaginez Montréal. L’image qui s’impose est souvent celle de la rue Sherbrooke, cette artère mythique qui traverse le Mille Carré Doré. Ses bâtisses cossues, gardiennes d’un temps où les grandes familles industrielles et financières du Canada y avaient érigé leurs demeures, continuent de fasciner. Aujourd’hui, ces manoirs et immeubles d’appartements de la première heure abritent les condos les plus prestigieux de la ville. Pour l’amateur d’histoire et de vie urbaine chic, y acquérir une résidence semble être l’aboutissement d’un rêve, la possession d’un fragment d’histoire.

Pourtant, la discussion se limite souvent à la beauté architecturale, à l’emplacement de choix et aux finitions luxueuses. On parle de l’investissement, de la qualité de vie, de la proximité avec les musées, les galeries et les restaurants étoilés. Mais cette vision, bien que juste, reste incomplète. Elle omet une réalité bien plus complexe, une trame de règles tacites, de contraintes patrimoniales et de subtilités financières qui ne se révèlent qu’aux initiés. L’idée reçue est que l’argent suffit à ouvrir les portes de ces forteresses de pierre grise.

Et si la véritable clé n’était pas seulement la capacité financière, mais la compréhension profonde des codes qui régissent ces lieux d’exception ? Car derrière la porte cochère et le service de portier se cache un écosystème unique. Au-delà de l’adresse, acheter sur Sherbrooke, c’est s’engager dans un contrat avec l’histoire, un contrat dont les clauses sont écrites dans les conventions de copropriété, les règlements d’urbanisme et le carnet d’entretien de l’immeuble.

Cet article se propose de vous ouvrir les portes de ce monde feutré, non pas pour simplement en admirer les dorures, mais pour en comprendre les rouages. Nous allons explorer ensemble les défis spécifiques à ces propriétés, des règles strictes des copropriétés indivises aux coûts cachés de la restauration, pour que votre rêve montréalais ne se transforme pas en un coûteux réveil.

Pour naviguer dans cet univers exclusif, il est essentiel de comprendre les spécificités qui le définissent. Ce guide vous dévoilera les aspects cruciaux à maîtriser, de la structure légale de votre future propriété aux détails qui garantissent la pérennité de votre investissement et de votre qualité de vie.

L’Arcadia ou le Port-Royal : comprendre les règles strictes des copropriétés indivises

Le premier piège, et le plus fondamental, dans lequel un acheteur non averti peut tomber ne concerne pas les murs, mais le statut juridique de la propriété. Nombre des adresses les plus prisées de Sherbrooke, comme le Port-Royal ou l’Arcadia, ne sont pas des copropriétés « divises » classiques, mais « indivises ». La différence est colossale. En division, vous êtes l’unique propriétaire de votre appartement (partie privative) et copropriétaire des parties communes. En indivision, vous êtes propriétaire d’un pourcentage de l’immeuble entier, avec un droit d’usage exclusif sur votre appartement. Cette subtilité change tout.

Le financement est le premier obstacle. Alors qu’une copropriété divise peut s’acquérir avec une mise de fonds de 5 %, le monde de l’indivise est plus exigeant. Il n’est pas rare qu’une institution financière exige une mise de fonds d’au moins 20 % pour une copropriété indivise, car le risque est mutualisé. De plus, tous les copropriétaires sont souvent liés par une seule et même hypothèque. Votre sort financier est donc lié à celui de vos voisins.

L’autre aspect est le contrôle social. La convention d’indivision, qui est le document maître de l’immeuble, octroie souvent au conseil d’administration un droit de regard, voire d’approbation, sur les nouveaux acheteurs. Vendre votre bien n’est plus seulement une transaction entre vous et un acheteur ; c’est un processus qui requiert l’assentiment de la communauté. Il s’agit d’une cooptation, d’une adhésion à un club où la compatibilité et la solidité financière des membres sont primordiales pour préserver l’harmonie et la valeur de l’ensemble.

Votre plan de vérification pour une copropriété indivise

  1. Consulter la convention d’indivision : Assurez-vous qu’elle est publiée au registre foncier et analysez en détail le processus d’approbation des nouveaux acheteurs et le droit de préemption des autres propriétaires.
  2. Valider le financement : Confirmez que l’institution financière attitrée à l’immeuble offre des prêts à responsabilité limitée, vous protégeant en cas de défaut d’un autre copropriétaire.
  3. Examiner les finances : Analysez la méthode de répartition des taxes municipales et scolaires, et évaluez la gestion financière globale de l’immeuble.
  4. Vérifier le fonds de prévoyance : Même si la loi ne l’exige pas aussi strictement que pour le divise, l’existence d’un fonds de prévoyance bien garni est un signe de bonne santé et d’anticipation.
  5. Rencontrer le conseil : Demandez une entrevue avec les membres du conseil pour comprendre la dynamique interne et les projets à venir.

Ignorer ces spécificités, c’est risquer de voir son financement refusé ou de se retrouver prisonnier d’une structure décisionnelle rigide. La splendeur d’un appartement sur Sherbrooke a pour contrepartie une discipline collective sans faille.

Pourquoi les frais de condo à 2000 $/mois sont justifiés dans les immeubles patrimoniaux ?

Le chiffre peut effrayer : 1500 $, 2000 $, parfois plus, en frais de condo mensuels. Pour beaucoup, c’est l’équivalent d’une hypothèque. La réaction première est de crier à l’excès. Pourtant, dans le contexte d’un immeuble patrimonial du Mille Carré Doré, ces frais ne sont pas un luxe, mais une nécessité vitale pour la préservation de votre investissement. Une part croissante de la population fait face à cette réalité, car selon un sondage, 25 % des copropriétaires paient désormais 400 $ ou plus par mois, un bond significatif par rapport aux années précédentes.

La raison principale de cette inflation contrôlée est l’impact de la législation québécoise, notamment la Loi 16. Cette loi impose désormais aux syndicats de copropriété des obligations beaucoup plus strictes. Ils doivent réaliser une étude du fonds de prévoyance par des professionnels pour planifier adéquatement les coûts de réparations majeures sur le long terme. Un carnet d’entretien de l’immeuble est aussi obligatoire. Pour un bâtiment de 1920, avec sa maçonnerie de pierre, ses toits en cuivre et ses systèmes mécaniques complexes, ces études et les travaux qui en découlent représentent des coûts faramineux.

Ces frais couvrent bien plus que le déneigement. Ils financent l’entretien méticuleux des parties communes grandioses, la mise à jour des ascenseurs d’époque, la sécurité 24/7 et, surtout, l’alimentation d’un fonds de prévoyance et d’un fonds d’auto-assurance robustes. Ce dernier, rendu obligatoire, doit couvrir la franchise d’assurance la plus élevée, qui peut atteindre des centaines de milliers de dollars pour ces immeubles irremplaçables. Des frais de condo élevés ne sont donc pas un signe de mauvaise gestion, mais au contraire, un indicateur de prévoyance et de conformité légale. C’est l’assurance que la valeur de l’immeuble, et donc de votre bien, sera protégée contre les aléas du temps.

Hall d'entrée luxueux d'un immeuble patrimonial montréalais avec portier et finitions haut de gamme

Ce que vous payez chaque mois, c’est la pérennité de cette atmosphère, le salaire du portier qui connaît votre nom, la propreté immaculée du marbre du hall et la tranquillité d’esprit de savoir que la prochaine réparation majeure de la toiture est déjà budgétée. C’est le prix à payer pour que ces gardiennes du temps ne deviennent pas des ruines.

En somme, des frais de condo bas dans un vieil immeuble devraient vous alerter bien plus que des frais élevés. C’est souvent le signe d’un fonds de prévoyance insuffisant qui mènera inévitablement à des cotisations spéciales exorbitantes dans le futur.

Comment s’assurer que votre vue sur le Mont-Royal ne sera jamais bloquée par une tour ?

La vue sur le flanc du Mont-Royal, avec ses couleurs changeantes au fil des saisons, est sans doute l’un des atouts les plus précieux et les plus commercialisés des appartements de la rue Sherbrooke. C’est un tableau vivant qui justifie à lui seul une partie de la valeur du bien. Pourtant, dans une métropole en pleine densification, cette vue n’est jamais acquise. La crainte de voir s’ériger une nouvelle tour qui viendrait obstruer ce panorama est une angoisse légitime pour tout investisseur.

Heureusement, la Ville de Montréal a pris conscience de cet enjeu capital. La protection des vues sur la montagne est devenue un véritable cheval de bataille politique et urbanistique. Le Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal établit des « cônes de protection visuelle » depuis différents points de la ville. Ces corridors immatériels dictent des limites de hauteur très strictes pour toute nouvelle construction se trouvant dans leur axe. L’objectif est de préserver la silhouette de la montagne et son omniprésence dans le paysage urbain. L’engagement des autorités à ce sujet est fort, comme en témoigne cette déclaration de la mairesse Valérie Plante.

En aucun cas, la privatisation des vues, tant du mont Royal que du fleuve Saint-Laurent, ne devrait être envisagée. Ce n’est pas une avenue souhaitable pour le bien commun de la population montréalaise.

– Valérie Plante, Déclaration au conseil municipal de Montréal

Cependant, la vigilance reste de mise. Pour s’assurer que votre vue est bien protégée, une simple promesse du vendeur ne suffit pas. Il faut mener sa propre enquête. La première étape est de consulter le Plan d’urbanisme de l’arrondissement Ville-Marie pour identifier les limites de hauteur spécifiques au zonage de votre secteur et des terrains avoisinants. Ensuite, il est crucial d’examiner le registre des projets particuliers de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI). Ce registre public peut révéler des projets de développement à proximité qui auraient obtenu des dérogations. Enfin, un notaire spécialisé pourra rechercher l’existence de servitudes de vue, des accords légaux rares mais extrêmement précieux qui peuvent grever un terrain voisin et lui interdire de construire au-delà d’une certaine hauteur.

L’étage et l’orientation de votre condo jouent aussi un rôle. Un appartement situé à un étage intermédiaire peut être plus vulnérable qu’un penthouse. Une analyse attentive de l’environnement bâti et des règlements en vigueur est la seule véritable garantie pour que votre café matinal face à la montagne ne soit pas un jour gâché par l’ombre d’une grue.

L’erreur de sous-estimer le coût de restauration des fenêtres d’origine obligatoires

Dans un immeuble patrimonial du Mille Carré Doré, une fenêtre n’est pas une simple ouverture vers l’extérieur ; c’est un élément architectural signature, une pièce maîtresse qui définit le caractère de la façade. Changer une fenêtre n’est pas une décision personnelle, mais une affaire qui engage l’intégrité de tout le bâtiment. L’erreur la plus commune est de penser pouvoir remplacer de vieilles fenêtres à guillotine en bois, peut-être un peu capricieuses, par des modèles modernes en PVC, plus performants et moins chers.

Cette approche est non seulement proscrite par les règlements de copropriété, mais aussi par les règles d’urbanisme de l’arrondissement pour les bâtiments à valeur patrimoniale. Vous n’avez pas le choix : vous devez soit restaurer les fenêtres existantes, soit les remplacer par des répliques exactes, fabriquées sur mesure par des artisans spécialisés. Et les coûts, comme les délais, sont sans commune mesure avec le marché standard. Un projet de remplacement de fenêtres peut rapidement se chiffrer en dizaines, voire en centaines de milliers de dollars pour un grand appartement.

Le processus d’approbation est lui-même un parcours du combattant. Il faut soumettre les plans détaillés des nouvelles fenêtres à l’arrondissement, qui s’assurera que les matériaux, les dimensions, le type de vitrage et même les détails de la quincaillerie sont conformes au style d’origine. Ce processus peut prendre des mois avant d’obtenir le précieux permis. L’alternative, la restauration, est souvent privilégiée par les autorités, mais elle requiert un savoir-faire rare et peut s’avérer tout aussi coûteuse si le bois est endommagé.

Détail architectural d'une fenêtre à guillotine en bois d'un immeuble patrimonial montréalais

La comparaison des coûts et des contraintes parle d’elle-même. Remplacer une fenêtre devient un projet majeur qui doit être anticipé dans le budget d’acquisition. Comme le montre une analyse des règlements d’urbanisme, le fossé financier et administratif entre le standard et le patrimonial est immense.

Comparaison des coûts et délais pour le remplacement de fenêtres
Type de fenêtre Coût unitaire estimé Délai d’approbation Conformité patrimoine
Fenêtre à guillotine bois (réplique sur mesure) 8 000 $ – 20 000 $ 2-4 mois Approuvée
Restauration de fenêtre existante 5 000 $ – 10 000 $ 1-2 mois Privilégiée
Fenêtre PVC standard 2 500 $ Non applicable Refusée

Avant d’acheter, il est donc impératif de faire inspecter l’état des fenêtres par un expert. Une « bonne affaire » apparente peut vite se transformer en gouffre financier si l’ensemble des boiseries doit être remplacé à court terme.

Quand le service de voiturier et de portier 24h devient-il une nécessité de sécurité ?

Pour le profane, un portier en uniforme et un service de voiturier peuvent sembler être des luxes superflus, des vestiges d’une époque révolue. On les associe à un certain standing, à l’image de marque de l’immeuble. Si cette dimension de prestige est réelle, elle masque une fonction bien plus pragmatique et essentielle pour la clientèle de ces adresses : la sécurité et la confidentialité. Le ballet des voituriers garantit bien plus que le confort de ne pas avoir à garer sa voiture ; il assure un contrôle strict des allées et venues.

Le profil des acheteurs de ces résidences de prestige explique pourquoi ces services sont devenus une nécessité. Il ne s’agit plus seulement de vieilles familles montréalaises, mais d’une clientèle internationale, de PDG, de fondateurs de startups à succès et de professionnels très occupés qui voyagent fréquemment. Pour eux, la présence humaine 24/7 est la première ligne de défense contre les intrusions, le démarchage et les regards indiscrets. Le portier n’est pas qu’un ouvre-porte ; il est un filtre, un gardien qui connaît les résidents, leurs habitudes et est capable de déceler toute anomalie.

Profil des acheteurs et leurs exigences en matière de services

Une analyse du marché de l’immobilier de prestige à Montréal révèle que les acheteurs en 2023-2024, qu’ils soient des entrepreneurs locaux ou des investisseurs européens, partagent des exigences communes. Leurs absences fréquentes pour affaires les rendent particulièrement vulnérables. La présence d’une conciergerie 24/7 devient un critère non-négociable pour la gestion sécurisée des livraisons de grande valeur (œuvres d’art, bijoux, documents confidentiels) et pour la surveillance active de leur résidence inoccupée. Le service n’est plus un confort, mais une composante essentielle de la protection de leurs actifs et de leur vie privée.

Ce besoin de sécurité va au-delà de la simple surveillance. Il s’agit de créer une bulle de tranquillité dans un centre-ville vibrant et parfois chaotique. Savoir qu’un visage familier veille sur votre domicile, réceptionne vos colis et filtre vos visiteurs est une paix d’esprit qui a une valeur inestimable pour cette clientèle. Le coût de ces services, intégré dans les frais de condo, n’est donc pas perçu comme une dépense, mais comme un investissement dans la sérénité et la protection.

Ainsi, lors de la visite d’un condo de prestige, la question à se poser n’est pas « y a-t-il un portier ? », mais plutôt « quelle est la qualité et l’étendue du service de sécurité et de conciergerie ? ». C’est un indicateur clé du niveau de protection et d’exclusivité offert par l’immeuble.

Le « Flat » vs « The Mountain » : quel secteur de Westmount correspond à votre style de vie ?

Si la rue Sherbrooke est l’épine dorsale du prestige montréalais, la ville de Westmount, enclave cossue jouxtant le Mille Carré Doré, en est le prolongement naturel. Mais Westmount n’est pas un territoire homogène. Il est divisé, tant géographiquement que sociologiquement, en deux zones distinctes : le « Flat » (la partie plate au sud de Sherbrooke) et « The Mountain » (le flanc de la montagne). Choisir entre les deux n’est pas qu’une question de budget, mais un véritable choix de style de vie.

Le « Flat », avec ses rues bordées d’arbres comme Metcalfe ou Olivier, est caractérisé par ses élégantes maisons victoriennes en rangée, ses duplex et triplex. C’est le domaine des jeunes familles de professionnels et des « downsizers » (des couples plus âgés quittant une grande maison) qui recherchent une vie de quartier dynamique et une grande « walkability ». D’ici, on peut marcher jusqu’aux boutiques chics de l’avenue Greene, au métro Atwater, et les enfants peuvent se rendre à pied dans des écoles privées de renom comme Selwyn House ou The Study. C’est un mode de vie plus urbain, intégré et communautaire.

À l’inverse, « The Mountain » est le royaume de l’exclusivité et de l’intimité. En grimpant les rues sinueuses comme Sunnyside ou Summit Circle, les maisons en rangée laissent place à de vastes manoirs détachés, souvent dissimulés derrière des haies ou des portails, avec piscines et grands jardins. C’est le secteur de prédilection des grandes familles établies qui privilégient l’espace, la tranquillité et la sécurité. La voiture y est indispensable, mais elle est le prix à payer pour des vues panoramiques sur la ville et un sentiment d’isolement souverain. Le tableau suivant synthétise bien ces deux philosophies de vie.

Comparaison des styles de vie : Westmount « Flat » vs « Mountain »
Critère The Flat (sud de Sherbrooke) The Mountain (flanc de montagne)
Profil type « Downsizers » et jeunes familles professionnelles Grandes familles établies
Accessibilité Grande « walkability » vers l’avenue Greene et le métro Atwater Voiture nécessaire, intimité privilégiée
Types de propriétés Maisons victoriennes en rangée, duplex/triplex Manoirs détachés avec piscines et jardins
Rues typiques Metcalfe, Olivier, près du parc Westmount Sunnyside, Summit Circle
Vie de quartier Accès à pied aux écoles et commerces Grands terrains privés, sécurité accrue

Voulez-vous un quotidien où tout est accessible à pied, au cœur de l’action, ou préférez-vous le calme et l’espace d’une forteresse privée ? La réponse à cette question déterminera de quel côté de Sherbrooke votre futur se trouve.

L’erreur de permis qui a coûté 2 ans de retard à ce projet dans le Vieux-Montréal

L’univers de l’immobilier patrimonial montréalais est un labyrinthe réglementaire. Une erreur d’interprétation, une omission dans un dossier, et un projet peut être retardé de plusieurs années, entraînant des coûts astronomiques. L’exemple d’un projet dans le Vieux-Montréal, bien que situé hors du Mille Carré Doré, sert de leçon universelle pour quiconque souhaite investir ou rénover dans une zone historique.

L’une des plus grandes sources de confusion est la multiplicité des autorités. Pour un projet dans le Mille Carré Doré, vous traitez principalement avec l’arrondissement Ville-Marie. Mais si votre projet se situe dans le périmètre du Vieux-Montréal, vous devez en plus obtenir l’approbation du ministère de la Culture et des Communications (MCC) du Québec, dont les exigences sont encore plus draconiennes. L’histoire du projet d’agrandissement de la Place Montréal Trust illustre ce danger : bien que situé sur Sainte-Catherine, son impact sur les vues depuis le Vieux-Montréal a soulevé des questions qui ont complexifié le dossier, montrant que les juridictions peuvent s’entremêler de manière inattendue.

L’erreur classique est de sous-estimer ces délais. Un propriétaire pourrait penser qu’obtenir un permis pour des rénovations intérieures est une formalité. Or, si ces rénovations touchent à des éléments structuraux ou architecturaux d’origine (murs de briques, boiseries, planchers), même à l’intérieur, un permis patrimonial est souvent requis. Le processus implique de faire appel à un architecte spécialisé, de monter un dossier complet et de le soumettre à un comité consultatif d’urbanisme (CCU), dont les membres ne se réunissent qu’à intervalles réguliers. Un dossier incomplet peut être retourné, vous faisant manquer une séance et ajoutant des mois d’attente.

L’anticipation est donc le maître mot. Il faut intégrer dans son calendrier, dès le départ, une fenêtre de deux à quatre mois supplémentaires juste pour les approbations patrimoniales, en plus des délais habituels de permis. Il faut aussi budgéter les honoraires des professionnels (architectes, ingénieurs en structure spécialisés en bâtiments anciens) qui sont indispensables pour naviguer dans ce dédale. Tenter de court-circuiter ce processus en effectuant des travaux sans permis est la pire des stratégies : les amendes sont lourdes et la Ville peut exiger de défaire les travaux et de tout remettre en état d’origine, à vos frais.

Engager un notaire et un architecte familiers avec les subtilités du patrimoine montréalais n’est pas une dépense, mais une assurance contre des retards et des coûts qui peuvent faire dérailler le plus solide des projets.

À retenir

  • L’indivision est une contrainte : Elle implique une mise de fonds plus élevée (souvent 20%) et un contrôle des autres propriétaires sur la vente de votre bien.
  • Les frais de condo élevés sont un bon signe : Ils indiquent une saine gestion et le respect de la Loi 16, protégeant l’immeuble et votre investissement à long terme.
  • Le patrimoine a un coût : La restauration d’éléments comme les fenêtres est obligatoire et extrêmement coûteuse. Une inspection pré-achat est cruciale.

Pourquoi investir dans un penthouse au centre-ville de Montréal est un pari risqué si on choisit le mauvais étage ?

Le penthouse. Le mot seul évoque le summum du luxe : l’étage le plus élevé, des vues imprenables, une terrasse privée dominant la ville. C’est le joyau de la couronne de toute tour résidentielle. Pourtant, à Montréal, cet investissement prestigieux peut se révéler être un pari risqué, truffé de nuisances insoupçonnées si l’on ne choisit pas avec une extrême prudence.

Le premier ennemi du confort en altitude est invisible et inaudible… au début. Il s’agit des vibrations et des bruits à basse fréquence émis par les salles mécaniques de l’immeuble (chauffage, ventilation, climatisation, machinerie d’ascenseur), qui sont presque toujours situées sur le toit, juste au-dessus des penthouses les plus élevés. Ce vrombissement constant, à peine perceptible lors d’une visite en journée, peut devenir une torture la nuit, ruinant la quiétude attendue d’une résidence à plusieurs millions de dollars.

Le deuxième risque concerne l’atout majeur du penthouse : sa terrasse. Dans le corridor de vent créé par la concentration de tours au centre-ville de Montréal, une terrasse au 35e ou 40e étage peut se transformer en un lieu inhospitalier. Les rafales de vent peuvent la rendre inutilisable la majeure partie de l’année, projetant les meubles et rendant tout dîner en plein air impossible. De plus, les penthouses situés sur un retrait d’immeuble, et non au sommet plat, peuvent avoir la désagréable surprise de voir le toit de l’étage inférieur, souvent recouvert d’une membrane réfléchissante, devenir une source d’éblouissement intense ou même une terrasse accessible à un voisin, anéantissant toute notion d’intimité.

L’analyse du marché révèle que ces problèmes sont fréquents dans de nombreuses tours prestigieuses. Les acheteurs découvrent après coup ces désagréments qui ne sont jamais mentionnés dans les brochures de vente. Le « meilleur » penthouse n’est donc pas toujours le plus haut. Un appartement situé un ou deux étages en dessous du sommet, mais à l’abri des nuisances mécaniques et du plus fort du vent, peut offrir une bien meilleure qualité de vie.

Avant de signer pour un penthouse, il est donc fondamental d’évaluer minutieusement les risques liés à son positionnement exact dans la tour.

Pour vous prémunir, exigez une visite en soirée pour écouter les bruits ambiants, renseignez-vous sur l’emplacement exact des salles mécaniques et tentez de visiter la terrasse un jour de grand vent. L’ivresse des hauteurs peut vite laisser place à une amère déception si ces détails pratiques sont ignorés.

Questions fréquentes sur l’immobilier de prestige à Montréal

Quelle est la différence de mise de fonds entre le « Flat » et « The Mountain » à Westmount?

Dans les deux secteurs, si vous achetez une propriété unifamiliale, la mise de fonds minimale est de 5 % avec une assurance prêt hypothécaire ou 20 % sans. Cependant, comme les prix moyens sur « The Mountain » sont significativement plus élevés, le montant absolu de la mise de fonds de 20 % sera proportionnellement bien plus important que dans le « Flat ».

Les écoles privées sont-elles accessibles depuis les deux secteurs de Westmount?

Oui, mais l’accessibilité diffère. Depuis le « Flat », de nombreuses écoles privées de renom comme Selwyn House ou The Study sont accessibles à pied, ce qui favorise l’autonomie des enfants. Depuis « The Mountain », un transport en voiture est quasi systématique, un facteur à considérer dans la logistique familiale quotidienne.

Quel secteur de Westmount offre le meilleur potentiel de revente?

Les deux secteurs maintiennent une excellente valeur et sont considérés comme des investissements très sûrs. Le « Flat » bénéficie d’un bassin d’acheteurs potentiels plus large en raison de son accessibilité et de ses prix d’entrée (relativement) plus bas. « The Mountain » reste un marché plus exclusif avec moins de transactions, mais où les propriétés d’exception peuvent atteindre des valeurs records, attirant une clientèle de niche fortunée.

Rédigé par Thomas Archambault, Architecte senior membre de l'Ordre des architectes du Québec (OAQ), Thomas est spécialisé dans la rénovation résidentielle lourde et la conservation du patrimoine bâti montréalais. Avec 20 ans de pratique, il navigue habilement entre design contemporain et contraintes municipales strictes.