
L’achat sur plan à Montréal n’est pas un pari risqué, mais un processus contrôlable où l’acheteur averti détient plus de pouvoir qu’il ne le pense grâce aux cadres légaux québécois.
- Le contrat préliminaire n’est pas une formalité à signer, mais un document juridique à négocier pour neutraliser les clauses défavorables avant tout engagement.
- La Garantie de Construction Résidentielle (GCR) n’est pas qu’une simple assurance post-livraison ; c’est un outil de pression et un levier de réclamation puissant durant tout le projet.
- L’inspection pré-réception doit être abordée non pas comme une visite de courtoisie, mais comme un audit technique rigoureux pour documenter chaque non-conformité.
Recommandation : Adoptez une posture d’auditeur préventif à chaque étape, de la lecture du contrat à la remise des clés, pour transformer les risques potentiels en garanties contractuelles.
L’image est séduisante : un appartement neuf, lumineux, personnalisé à votre goût dans un quartier vibrant de Montréal. L’achat sur plan, ou Vente en l’État Futur d’Achèvement (VEFA), promet un idéal immobilier sans les tracas de la rénovation. Pourtant, cette promesse peut rapidement virer au cauchemar pour l’acheteur non préparé. Les récits de délais de livraison qui s’étirent sur des semestres, de finitions décevantes et de factures d’extras qui explosent sont monnaie courante et alimentent une méfiance légitime envers les promoteurs.
Face à ces risques, les conseils habituels se résument souvent à des platitudes : « lisez bien votre contrat », « vérifiez la réputation du constructeur », « soyez vigilant lors de l’inspection ». Si ces recommandations partent d’une bonne intention, elles sont notoirement insuffisantes. Elles placent l’acheteur dans une position de défense passive, espérant que le pire n’arrive pas. La véritable clé pour sécuriser un achat sur plan ne réside pas dans la méfiance, mais dans une approche proactive et méthodique que l’on pourrait qualifier d’audit préventif.
Il ne s’agit plus de simplement « vérifier », mais de « valider » ; non pas de « lire », mais « d’analyser et de négocier » ; non pas « d’inspecter », mais de « contre-expertiser ». Cet article a pour objectif de vous armer des connaissances juridiques et techniques, spécifiques au contexte québécois, pour transformer chaque étape critique de votre achat en une opportunité de renforcer votre position et de garantir que le bien livré soit exactement celui pour lequel vous avez payé.
Nous allons décortiquer ensemble les mécanismes de protection à votre disposition, des clauses contractuelles à ne jamais accepter à la manière de transformer la garantie GCR en véritable alliée, en passant par une méthodologie d’inspection qui ne laisse rien au hasard. Vous apprendrez à passer du statut d’acheteur inquiet à celui de partie prenante informée et maîtresse de son investissement.
Sommaire : Maîtriser l’achat d’un condo neuf à Montréal, étape par étape
- Pourquoi la garantie GCR est votre meilleure alliée en cas de faillite du promoteur ?
- Les 3 clauses abusives à faire rayer de votre contrat préliminaire avant de signer
- Comment mener l’inspection pré-réception pour ne rien laisser passer aux entrepreneurs ?
- Grands promoteurs ou petits constructeurs : à qui faire confiance pour la qualité des finitions ?
- Quand planifier votre déménagement si le promoteur annonce une livraison pour « l’automne » ?
- Comptoirs en quartz ou marbre importé : quels matériaux justifient vraiment un prix au pi² élevé ?
- Loft industriel ou Tour de verre : quel style architectural s’apprécie le mieux dans le quartier ?
- Vendre avec ou sans garantie légale : quel impact réel sur le prix de vente final ?
Pourquoi la garantie GCR est votre meilleure alliée en cas de faillite du promoteur ?
La Garantie de Construction Résidentielle (GCR) est souvent perçue comme une simple assurance contre les vices de construction après la livraison. C’est une vision réductrice. En réalité, la GCR est un organisme réglementaire qui impose des standards de qualité et de solvabilité aux entrepreneurs, et offre un cadre de protection robuste bien avant la remise des clés. Son rôle le plus critique est de protéger votre acompte et de garantir l’achèvement des travaux, même en cas de faillite, de fraude ou d’annulation de licence du promoteur. C’est votre filet de sécurité financier fondamental.
Comprendre la GCR, ce n’est pas seulement savoir qu’elle existe, mais maîtriser son fonctionnement comme un levier. Elle n’est pas automatique ; c’est à l’acheteur d’activer ses droits. L’organisme compile d’ailleurs des données précises sur les problèmes récurrents pour mieux orienter ses inspections. Selon les données compilées par GCR, une meilleure connaissance des réclamations fréquentes par les entrepreneurs permettrait de les prévenir plus efficacement. Pour l’acheteur, cela signifie que la GCR est une base de données vivante des risques du marché.
Au-delà de la protection contre la faillite, la GCR offre un processus de médiation et d’arbitrage structuré en cas de litige sur les malfaçons. Connaître la procédure de réclamation vous donne un avantage considérable si l’entrepreneur refuse de corriger les défauts identifiés lors de l’inspection pré-réception. C’est une arme de dissuasion qui incite le constructeur à respecter ses engagements, sachant qu’un dossier ouvert chez GCR impactera sa cote de qualité et sa réputation.
Votre plan d’action pour une réclamation GCR efficace
- Dénonciation écrite : Signalez le problème à l’entrepreneur par écrit dans un délai raisonnable (idéalement, dans les 6 mois suivant la découverte du défaut). Soyez précis et factuel.
- Mise en demeure et contact GCR : Si l’entrepreneur ne répond pas ou n’agit pas dans les 15 jours, envoyez-lui une mise en demeure formelle et contactez immédiatement la GCR via leur formulaire en ligne.
- Constitution du dossier : Fournissez à la GCR un dossier complet incluant des photos datées des défauts, toutes vos correspondances avec l’entrepreneur, et une copie de votre contrat préliminaire.
- Intervention du conciliateur : Un conciliateur GCR doit intervenir dans les 15 jours ouvrables suivant la réception de votre plainte pour évaluer la situation et tenter une médiation.
- Demande d’arbitrage : Si vous êtes en désaccord avec la décision du conciliateur, vous avez 30 jours pour déposer une demande d’arbitrage, une étape plus formelle pour trancher le litige.
Ainsi, considérer la GCR non comme un dernier recours mais comme un partenaire actif dans votre projet d’achat est un changement de paradigme essentiel. C’est l’assurance que votre investissement est protégé par un cadre réglementaire solide, spécifique au Québec.
Les 3 clauses abusives à faire rayer de votre contrat préliminaire avant de signer
Le contrat préliminaire n’est pas une simple formalité ; c’est le document juridique qui scelle vos droits et obligations pour les années à venir. Trop d’acheteurs le signent avec précipitation, intimidés par le jargon juridique ou la pression du vendeur. C’est une erreur fondamentale. Avant de signer, vous devez analyser ce document avec la rigueur d’un avocat et identifier les clauses qui vous sont défavorables pour exiger leur modification. C’est une négociation, et non une adhésion unilatérale.
Voici trois types de clauses particulièrement dangereuses qu’il faut savoir « neutraliser » :
- La clause de délai de livraison « flexible » : Méfiez-vous des formulations vagues comme « livraison prévue à l’automne 202X » ou « au cours du 3ème trimestre ». Exigez une date butoir ferme, assortie de pénalités de retard claires et significatives. Sans cela, le promoteur n’a aucune incitation à respecter les délais et vous vous retrouvez sans recours en cas de retard de plusieurs mois.
- La clause de substitution unilatérale des matériaux : Certains contrats permettent au promoteur de remplacer des matériaux ou des finitions par des équivalents « de qualité similaire » sans votre accord. Cette clause est une porte ouverte à des économies sur votre dos. Exigez que toute substitution soit validée par vous par écrit, avec la possibilité de refuser ou de demander une compensation si la qualité est jugée inférieure.
- La clause sur la gestion de l’acompte : La loi québécoise est claire à ce sujet. Depuis le 1er janvier 2020, les acomptes ne peuvent plus être versés directement au promoteur. Ils doivent être protégés, généralement en étant déposés dans un compte en fidéicommis (un « trust account ») chez un notaire ou un avocat jusqu’à la livraison. Assurez-vous que votre contrat spécifie clairement cette modalité. Refusez tout contrat qui exigerait un versement direct au promoteur.
Ce travail d’analyse est crucial. C’est l’étape où vous établissez les règles du jeu à votre avantage. Une modification de clause obtenue avant signature vaut bien plus que des mois de litige après coup.

La présence d’un notaire ou d’un avocat indépendant pour réviser le contrat préliminaire n’est pas une dépense, mais un investissement dans votre tranquillité d’esprit. Cet expert identifiera les pièges spécifiques à votre projet et vous donnera les arguments juridiques pour négocier d’égal à égal avec le promoteur.
En fin de compte, un contrat bien négocié est la fondation d’un achat sur plan réussi. C’est la première et la plus importante étape de votre audit préventif.
Comment mener l’inspection pré-réception pour ne rien laisser passer aux entrepreneurs ?
L’inspection pré-réception n’est pas une simple visite de courtoisie pour admirer votre nouveau logement. C’est un acte juridique fondamental : c’est votre dernière opportunité d’identifier et de consigner officiellement tous les défauts, malfaçons et éléments manquants avant de prendre possession. Tout ce qui n’est pas noté sur le procès-verbal d’inspection sera beaucoup plus difficile à faire corriger par la suite. Vous devez donc aborder cette étape non pas en tant que futur occupant, mais en tant qu’auditeur technique impitoyable.
Le promoteur sera accompagné de son représentant. Vous avez le droit, et même le devoir, de vous faire accompagner par votre propre expert (architecte, inspecteur en bâtiment). Le but est de réaliser une contre-inspection technique systématique, en se basant sur les normes du Code de construction du Québec. Ne vous laissez pas presser. Prenez le temps de tout vérifier, de la plomberie à l’électricité, en passant par les finitions les plus fines. Le diable est dans les détails, et selon le nouveau programme d’inspection de GCR, les non-conformités les plus récurrentes concernent souvent des éléments techniques comme la ventilation.
Pour être efficace, votre inspection doit être méthodique. Voici une liste non exhaustive des points critiques à vérifier, inspirée des exigences de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) :
- Pentes et écoulements : Vérifiez la pente réglementaire du balcon (minimum 2 % vers l’extérieur pour assurer le drainage) à l’aide d’un niveau. Testez l’écoulement de l’eau dans toutes les douches, baignoires et éviers.
- Électricité : Testez chaque prise de courant. Mesurez leur hauteur par rapport au sol (le dégagement minimal est souvent de 15 cm). Vérifiez le bon fonctionnement de tous les interrupteurs et luminaires.
- Étanchéité et isolation : Inspectez minutieusement le calfeutrage de toutes les fenêtres et portes. Un test simple consiste à glisser une feuille de papier : si elle passe facilement, l’étanchéité est défaillante.
- Ventilation : Contrôlez le fonctionnement et le débit de la ventilation dans les salles de bain et la cuisine. Un débit insuffisant (inférieur à 50 CFM pour une salle de bain) peut entraîner des problèmes d’humidité et de moisissure.
- Documentation systématique : Pour chaque défaut, même mineur, prenez une photo claire et horodatée. Utilisez un ruban à mesurer pour documenter les dimensions si nécessaire. Décrivez le problème précisément sur le formulaire d’inspection.
Ne signez jamais le procès-verbal de réception si vous n’êtes pas entièrement satisfait des points qui y sont consignés. Ce document est votre preuve. Une inspection bien menée est la garantie que le promoteur sera tenu de livrer un bien réellement « neuf » et conforme, et non un projet à terminer vous-même.
Grands promoteurs ou petits constructeurs : à qui faire confiance pour la qualité des finitions ?
La question du choix entre un grand promoteur de tours de condominiums et un petit constructeur de projets plus intimes est un faux débat. La taille n’est pas un gage de qualité. Un grand nom peut sous-traiter massivement à des équipes peu qualifiées pour maximiser ses marges, tandis qu’un petit artisan peut être méticuleux ou, à l’inverse, manquer de ressources pour corriger ses erreurs. La confiance ne doit pas être accordée sur la base d’une réputation marketing, mais sur la base d’une diligence raisonnable vérifiable.
L’outil le plus puissant à votre disposition au Québec est, encore une fois, fourni par la GCR. Avant même de considérer un projet, votre premier réflexe doit être de consulter le Répertoire des entreprises accréditées GCR. Cet outil public est une mine d’or : il vous permet non seulement de vérifier que l’entrepreneur est bien accrédité (une obligation légale), mais aussi de consulter son historique. Vous y trouverez sa « Cote Qualité » (allant de AA à D), le nombre de réclamations reçues, les non-conformités détectées lors des inspections de la GCR et même les décisions arbitrales rendues contre lui. Un promoteur avec une cote A ou AA et un historique vierge est un signal bien plus fort que n’importe quelle brochure publicitaire.

L’analyse doit ensuite se poursuivre sur le terrain. Demandez à visiter des projets déjà livrés par le même constructeur. Examinez la qualité des finitions après quelques années d’usure. Parlez aux copropriétaires si possible. La décision finale repose sur une combinaison de données objectives et d’observations concrètes.
Pour structurer votre évaluation, voici une comparaison des aspects à considérer, basée sur les critères de la GCR et les réalités du marché :
| Critère | Grands promoteurs | Petits constructeurs |
|---|---|---|
| Cote Qualité GCR | Variable (de AA à D), à vérifier impérativement | Variable (de AA à D), à vérifier impérativement |
| Standardisation vs Personnalisation | Processus et finitions souvent standardisés, options limitées et coûteuses | Potentiellement plus de flexibilité pour la personnalisation des finitions |
| Gestion de la sous-traitance | Sous-traitance massive, le risque est une perte de contrôle sur la qualité finale | Moins de sous-traitance, le propriétaire est souvent plus impliqué sur le chantier |
| Service après-vente | Structure dédiée mais parfois impersonnelle et lente | Contact plus direct mais peut être débordé s’il gère tout seul |
En somme, ne choisissez pas un nom, mais un bilan. Une enquête approfondie via le répertoire GCR et des visites de projets antérieurs vous fourniront une image beaucoup plus juste de la fiabilité du constructeur que sa part de marché ou la hauteur de ses grues.
Quand planifier votre déménagement si le promoteur annonce une livraison pour « l’automne » ?
Planifier votre déménagement en vous fiant à la date de livraison « prévue » par le promoteur est l’une des erreurs les plus coûteuses que vous puissiez commettre. Les retards dans la construction neuve sont la norme plutôt que l’exception. Une date vague comme « Automne 2025 » doit être interprétée avec un maximum de prudence. Juridiquement, elle n’engage le promoteur à presque rien. La seule stratégie viable est d’anticiper le retard comme une certitude et de mettre en place une stratégie de logement flexible.
Le pire scénario est de vous retrouver à la rue parce que vous avez résilié votre bail pour une date fixe. Pour éviter cela, la négociation de votre bail de location actuel devient une priorité. Avant même de signer le contrat préliminaire d’achat, vous devriez discuter avec votre propriétaire de la possibilité d’intégrer une clause de résiliation plus souple ou une option de cession de bail. Selon Éducaloi, un organisme de référence au Québec, la cession de bail est un droit, mais elle doit suivre une procédure stricte.
Votre plan de déménagement doit être un plan B, voire un plan C. Voici les piliers d’une stratégie de bail flexible pour survivre aux retards de livraison, comme le conseillent les experts juridiques :
- Négociez une clause de résiliation anticipée : Tentez d’obtenir une clause dans votre bail actuel vous permettant de le résilier avec un préavis de 60 ou 90 jours, même en cours de terme.
- Maîtrisez la cession de bail : Si la négociation échoue, familiarisez-vous avec la procédure de cession de bail de la Régie du logement (maintenant le Tribunal administratif du logement – TAL). Vous devrez trouver un nouveau locataire acceptable pour votre propriétaire.
- Budgetisez le retard : Calculez le coût d’un retard de 3, 6, voire 9 mois. Cela inclut le loyer d’une location temporaire (souvent plus chère), les frais d’entreposage de vos meubles et les coûts annexes. Ce budget est une partie intégrante de votre coût d’acquisition.
- Utilisez le retard comme levier : Un retard significatif et non justifié par un cas de force majeure constitue un manquement contractuel de la part du promoteur. Documentez tout, et utilisez ce manquement comme un levier de négociation pour obtenir des compensations (extras offerts, réduction du prix).
- Suivez le chantier : Ne vous fiez pas aux courriels du promoteur. Visitez le chantier vous-même une fois par mois pour évaluer l’avancement réel. Des fondations non coulées à 6 mois de la date prévue sont un signal d’alarme évident.
En fin de compte, la seule date qui compte est celle de la convocation à l’inspection pré-réception. Jusqu’à ce que vous receviez ce document officiel, considérez toute autre date comme une simple estimation et protégez-vous en maintenant une flexibilité maximale pour votre logement actuel.
Comptoirs en quartz ou marbre importé : quels matériaux justifient vraiment un prix au pi² élevé ?
Le choix des finitions est l’un des grands attraits de l’achat sur plan. C’est le moment où vous pouvez personnaliser votre futur espace. Cependant, le centre de choix du promoteur est aussi un centre de profits. Chaque « extra » ou « amélioration » a un coût, et il est essentiel de distinguer les investissements qui ajoutent une réelle valeur à long terme de ceux qui ne sont que des surcoûts esthétiques. Le prix élevé au pied carré de certains matériaux, comme le marbre importé, est-il toujours justifié ?
La réponse est nuancée. La valeur d’un matériau ne se mesure pas seulement à son coût d’achat, mais aussi à sa durabilité, son coût d’entretien et son attrait sur le marché de la revente. L’un des avantages de l’achat sur plan est la possibilité de faire des choix judicieux dès le départ, tout en bénéficiant d’une garantie qui couvre les défauts initiaux. Une personnalisation réfléchie peut ainsi se transformer en plus-value tangible.
Pour faire un choix éclairé, il faut comparer les matériaux non seulement sur leur apparence, mais aussi sur leur cycle de vie. Le marbre, par exemple, est prestigieux mais poreux, fragile et exige un entretien coûteux. Le quartz, souvent moins cher à l’achat, est non poreux, extrêmement résistant aux taches et aux rayures, et ne nécessite pratiquement aucun entretien. Un choix pragmatique peut s’avérer plus judicieux financièrement sur le long terme.
Voici une comparaison pour vous aider à évaluer le coût réel des matériaux populaires au Québec, en distinguant les produits locaux des produits importés :
| Matériau | Origine principale | Avantages | Inconvénients & Coût d’entretien annuel estimé |
|---|---|---|---|
| Granit (local) | Québec (ex: Saint-Alexis-des-Monts) | Durable, résistant à la chaleur, cachet local | Poreux, nécessite un scellant périodique (150-200 $) |
| Quartz | Transformation locale, matière première souvent importée (Asie) | Non poreux, très résistant, sans entretien | Moins résistant à la chaleur intense que le granit (50-100 $) |
| Marbre (importé) | Italie, Turquie | Esthétique luxueuse unique, veinage naturel | Très poreux, sensible aux taches et aux acides, fragile (300-500 $) |
L’arbitrage final vous appartient. Un matériau importé et coûteux peut être un choix de cœur, mais il doit être fait en toute connaissance de ses contraintes d’entretien. Souvent, un matériau plus abordable, durable et facile à entretenir comme le quartz représente un investissement plus intelligent, offrant un excellent retour sur investissement esthétique et fonctionnel.
Loft industriel ou Tour de verre : quel style architectural s’apprécie le mieux dans le quartier ?
Le style architectural d’un projet est un facteur d’attraction majeur. Un loft dans une usine reconvertie du Sud-Ouest ou un condo au 30ème étage d’une tour de verre au centre-ville ne projettent pas le même style de vie. On peut penser que l’un s’appréciera mieux que l’autre. Cependant, d’un point de vue purement financier et juridique, cette question est secondaire. La pérennité de votre investissement dépend moins de l’esthétique du bâtiment que de la santé financière et de la rigueur de gestion de sa copropriété.
Un facteur essentiel, et souvent négligé par les acheteurs, est l’impact de l’architecture sur les frais de condo. Une tour de verre avec piscine, gym, portier 24/7 et de vastes espaces communs aura des charges d’exploitation et d’entretien beaucoup plus élevées qu’un petit immeuble de type « plex » reconverti. Les frais de condo, qui s’élevaient en moyenne à 280 $ par mois au Québec en 2023, peuvent facilement doubler ou tripler dans les immeubles à services multiples. Cette charge mensuelle affecte directement votre capacité financière et l’attrait de votre bien à la revente.
Plus important encore est le cadre légal qui régit la gestion à long terme des copropriétés au Québec. Le Bill 16, entré progressivement en vigueur, a durci les règles pour forcer les syndicats de copropriété à mieux planifier l’avenir. Il exige désormais la production d’une étude du fonds de prévoyance et la tenue d’un carnet d’entretien. Ces documents planifient les travaux majeurs (toiture, façade, ascenseurs…) sur 25 à 30 ans et s’assurent que les contributions des copropriétaires sont suffisantes pour y faire face.
Un syndicat mal géré dans un magnifique loft industriel peut aboutir à des cotisations spéciales de plusieurs dizaines de milliers de dollars par propriétaire pour refaire le toit. À l’inverse, une tour de verre d’apparence plus générique mais gérée avec rigueur offrira une bien meilleure stabilité financière. Avant d’acheter, vous devez exiger de consulter la déclaration de copropriété, le budget prévisionnel et, si possible, l’étude du fonds de prévoyance. C’est là que se trouve la véritable valeur à long terme, bien plus que dans le style des briques ou la couleur du verre.
En conclusion, choisissez un style qui vous plaît, mais basez votre décision d’achat sur une analyse rigoureuse de la gestion future de la copropriété. Une copropriété bien gérée et adéquatement financée est la meilleure garantie de l’appréciation de votre investissement, quel que soit son style architectural.
Les points essentiels à retenir
- Le contrat est un champ de bataille : Le contrat préliminaire n’est pas à prendre ou à laisser. C’est un document négociable. Votre objectif est de faire modifier ou supprimer toute clause vous étant défavorable avant de le signer.
- La GCR est une arme préventive : La Garantie de Construction Résidentielle n’est pas qu’un recours après sinistre. C’est un outil de pression, une source d’information (via son répertoire) et un filet de sécurité pour votre acompte que vous devez savoir utiliser proactivement.
- L’inspection est un audit, pas une visite : La pré-réception est votre dernière chance de consigner les défauts. Abordez-la avec la rigueur d’un expert, accompagné si possible, en documentant tout de manière systématique et en vous basant sur les normes du Code de construction.
Vendre avec ou sans garantie légale : quel impact réel sur le prix de vente final ?
La question de la garantie se pose à l’achat neuf, mais elle revient de manière cruciale lors de la revente. Une fois propriétaire de votre condo neuf, la garantie du plan GCR (qui dure jusqu’à 5 ans pour les vices majeurs) arrive à échéance. Au moment de vendre, vous serez confronté à un choix : vendre avec la garantie légale de qualité ou l’exclure. La garantie légale protège l’acheteur contre les vices cachés, c’est-à-dire les défauts graves, non apparents, qui existaient au moment de la vente. Vendre « sans garantie légale, aux risques et périls de l’acheteur » vous protège en tant que vendeur, mais cela a un impact direct sur la confiance de l’acheteur et donc sur le prix.
Conserver la garantie GCR restante et la transférer au nouvel acheteur est un argument de vente extrêmement puissant. Cela démontre que le bâtiment a été construit selon des normes reconnues et qu’un mécanisme de protection est toujours en place. Pour maximiser cet avantage, il est impératif de bien gérer votre propriété dès le premier jour.
Voici comment transformer votre garantie initiale en un atout majeur pour la revente :
- Conservez une documentation impeccable : Gardez précieusement tous les documents originaux de la garantie GCR, les plans, les procès-verbaux d’inspection et les factures de toutes les réparations ou améliorations effectuées.
- Mettez en valeur la garantie restante : Lors de la mise en vente, faites valoir les années de garantie GCR restantes comme un avantage concurrentiel majeur. C’est un gage de sécurité que les propriétés plus anciennes n’ont pas.
- Documentez l’entretien : Tenez un registre de toutes les inspections et réparations effectuées, même mineures. Cela prouve votre diligence en tant que propriétaire et rassure l’acheteur sur l’état de la propriété.
- Transférez officiellement la garantie : Assurez-vous que le transfert de la garantie au nouveau propriétaire est fait dans les règles de l’art lors de la transaction notariale.
En adoptant une approche d’audit préventif dès l’achat, non seulement vous vous assurez d’obtenir une propriété conforme à vos attentes, mais vous construisez également un dossier solide qui maximisera sa valeur et facilitera sa revente. Pour sécuriser pleinement votre investissement sur le long terme, l’étape suivante consiste à faire réviser tout contrat préliminaire par un juriste spécialisé en droit immobilier avant de vous engager.